Alors, le monde évolue, que faisons-nous ?

« Le monde est en pleine bifurcation, de nombreuses ruptures sont en cours, qu’est-ce qui nous arrive ? ». Ce sont par ces termes que Marc HALEVY, physicien et philosophe français, débute ses conférences. Pendant plusieurs années, il a étudié l’évolution du monde avec différentes scientifiques et historiens pour aboutir aux conclusions suivantes.

Le monde est en bifurcation avec des ruptures importantes

Nous vivons actuellement une bifurcation. Celle-ce se produit tous les 550 ans environ et la dernière s’est produite au moment de la Renaissance. Il y en a eu plusieurs auparavant : l’invasion des cités grecques, la chute de l’empire romain et encore la fin de la féodalité. Cette bifurcation est tout simplement un changement de paradigme, c’est-à-dire que les modèles existants du monde évoluent entraînant des ruptures importantes. En d’autres termes, comme l’explique Marc HALEVY, une courbe est en train de décliner et une autre est en train de croître, entraînant donc les ruptures suivantes.

Rupture écologique

Passage d’une logique d’abondance à une logique de pénurie.3 pénuries majeures : Pénurie d’eau douce, pénurie des terres arables et pénurie des énergies fossiles (pétrole) et des métaux et terres rares (utiles pour l’électronique et qui sont l’enjeu de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis).
Bifurcation socio économique sur la rupture écologique : La richesse des ressources :
– Passage de l’abondance à la pénurie 
– La frugalité (contre l’épuisement)
Description de cette bifurcation : La frugalité ce sont les 3M « Moins mais mieux » à décliner avec tous les verbes d’actions possibles : travailler, consommer, communiquer, recruter, … (exemple : recevoir 400 mails dans la journée alors qu’en 5 tout peut-être dit)

Rupture technologique

Passage des technologies mécaniques aux technologies numériques : L’intervention de l’ordinateur et des connexions internet ont bouleversé notre mode de fonctionnement ayant pour impact la 3° révolution informationnelle, avec le passage du papier au numérique entraînant des configurations mentales complètement différentes, ex ; les enfants apprendront plus sur un écran ayant pour impact la non utilisation d’une partie de leur cerveau
Bifurcation socio économique sur la rupture technologique : La nature des activités:
– Passage du mécanique au numérique
– Intellectualité (contre la déculturation)
Description de cette bifurcation : L’utilisation de la technologies est utile avec les robots actuellement fabriqués en Europe et au Moyen-Orient. La technologie est nécessaire sous condition qu’elle soit au service de l’Homme et pas l’inverse, afin de rester maître de nos pensées et notre langage

Rupture organique

Passage de modèles hiérarchiques aux modèles complexes : : Un manager aujourd’hui prend 22 fois plus de décisions que son prédécesseur du début du XIX° siècle. Le système pyramidal arrive à son terme car il ne permet pas de gérer la complexité des acteurs et des organisations. L’approche pyramidale est un modèle où les intervenants sont minimums (ex : nos institutions). Cette approche devient obsolète (ex : les résultats des élections montrant bien un désintérêt majeur pour le choix de nos représentants si nous cumulons abstentions et vote blanc, les voix exprimées représentent moins de 50 % des électeurs). L’approche réticulaire ou le réseau est un modèle où les intervenants sont multiples et où il est plus facile d’obtenir de l’information (ex : internet)
Bifurcation socio économique sur la rupture organique : La pertinence des organisations :
– Passage du pyramidal au réseau
– Organicité (contre la sclérose)
Description de cette bifurcation : La société hiérarchisée passe à une communauté de vie organique où les intervenants sont multiples et variées, plutôt que de rester figée, c’est le passage d’une organisation figée à une organisation vivante

Rupture économique

Passage d’une économie de masse et du prix à une économie d’intelligence et de valeur : Le modèle de l’économie globale, c’est le modèle des Etats-Unis, avec un point fondamental : pour exister, il faut être gros, en vendant plus et en baissant au maximum les prix. Deux schémas de pensées sont en lien avec ce modèle : le taylorisme et le fordisme. Ces approches deviennent désuetes, les clients recherchant autre chose car elles entraînent une baisse de la qualité. Il est alors nécessaire de mettre en avant la valeur d’usage (ex : Airbnb, Blablacar, …) 
Bifurcation socio économique sur la rupture économique : L’exigence des mondes :
– Passage du prix à la valeur
– Virtuosité (contre la facilité)
Description de cette bifurcation : La virtuosité consiste à développer sa virutosité personnelle et celle de son entreprise (les femmes et les hommes, leurs compétences, leur savoir, …). Individuellement, c’est développer ses talents et l’excellence dans son métier (ex : le luthier qui prend du temps pour restaurer un violon). La virtuosité c’est également faire avec aisance des choses difficiles que d’autres ont incapables de faire, le contraire de la facilité. Les choses qui ont de la valeur sont difficiles à faire. La facilité, c’est se battre sur le prix, oser la difficulté c’est développer la virtuosité.

Rupture philosophique

Passage du paradigme du « progrès par la libération » au paradigme « jouissance de la vie et joie de vivre » : Dans le passé, il était nécessaire de réussir dans la vie, en ayant de l’argent, de la reconnaissance sociale, … Le paradigme évolue
Bifurcation socio-économique de la rupture philosophique : La puissance de son projet :
– Le passage de progrès au bien-vivre
– La spiritualité (contre la barbarie)
Description de cette bifurcation : L’un des premiers points est de re-donner du sens dans les actions et ce que nous faisons. C’est rajouter de la spiritualité (et non de la religion) , c’est un ensemble de toutes les démarches humaines pour donner du sens. C’est donner une bonne raison de le faire, devenir un paysan du bon sens. C’est répondre à la question : pourquoi faire ? plutôt que comment faire ? C’est s’engager dans une aventure de vie que nous voulons.

Et maintenant, que vais-je faire ? Ou plutôt que pouvons-nous faire ?

Maintenant que le cadre est posé, concrètement quels signaux avons-nous de cette bifurcation :

  • La première concerne les institutions qui nous gouvernent quelque soit le pays : elles existent depuis la renaissance (dernière bifurcation), sont-elles toujours efficaces et opérantes ? L’hypothèse qu’elles doivent changer se manifestent par le désintérêt grandissant des électeurs par exemple (en France, plus de 50% de la population ne vote pas si l’abstention et les votes blancs sont comptabilisés). Les institutions génèrent plus de frustrations avec la mise en place de règles et de lois qui limitent la liberté individuelle et collective et qui servent à maintenir un système à bout de souffle. Par ces constats, je ne critique pas le fondement de la société, de la démocratie, je souhaite juste montrer que l’organisation ou encore le sens donné à nos institutions n’a plus de sens justement. Est-ce que l’Europe est un espace économique fédéré en capacité de jouer un rôle face à la Chine, la Russie ou les USA ? Le rêve européen existe-t-il encore, loin d’une bureaucratie ? Est-ce qu’il ne serait pas temps pur l’Europe de bifurquer ?
  • Le second signal concerne le travail en général. De nombreuses disparités existent mais globalement, le burn-out et le bore-out sont les conséquences d’un travail ayant perdu du sens. La cohabitation des générations semble être une problématique pour certains alors qu’elle est un véritable trésor pour les entreprises. La financiarisation à outrance de l’économie est également un des facteurs de perte de sens dans l’entreprise … La robotisation fait peur, elle est pourtant un fantastique levier pour faciliter le travail, le monde n’est juste pas prêt à cela.
  • Le troisième est cette volonté de réformer sans réellement apporter une solution concrète, pour preuve la énième réforme du brevet. Le désespoir des enseignants est compréhensible, ils ont compris qu’il était nécessaire de modifier la manière d’apprendre et les connaissances à divulguer mais ils sont bien seuls dans leur quotidien. Ce n’est pas en mettant des iPad à disposition que la bifurcation technologique va se faire.

Il y a des signaux d’espoir avec des volontés de changement et des réussites. J’en veux pour preuve la fantastique aventure d’En Marche qui a su complètement bouleverser l’échiquier politique en France. Je pense également à la fondation Solar Impulse qui labellisé des projets utilisant les énergies renouvelables, … 

Bref, cette bifurcation est en marche et nous avons là une réelle opportunité de faire les choses en grand, de changer le monde en commençant par se changer soi, en changeant nos schémas mentaux, nos croyances, nos certitudes, … Cela nécessite pour nous de désapprendre ce que nous avons appris. Certains nous ont montré la voix : Nelson Mandela, Gandhi, Martin Luther King, le Dalaï Lama mais aussi des grands théoriciens des organisations : Peter Senge, Hal Gregersen, Grégory Batteson, l’école de Palo Alto, Daniel Goleman et Paul Ekman, …

C’est une réelle aventure pour notre, humanité, elle est comparable à la découverte des amériques, … A nous d’en faire une réelle opportunité de changement pour les générations actuelles et futures. A nous « de faire étinceler notre lumière, pour permettre aux autres d’en faire autant », Nelson Mandela

Voir les vidéos de Marc Halevy sur Youtube pour plus d’informations.

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